Interview Alain Guignandon

 

Alain_Guignandon

Alain Guignandon, INSERM U1059

 
SFBTM : Pourriez-vous vous présenter en quelques mots?
 

AG : Comme vous le voyez sur la photo juste au dessus, je suis d’un naturel enthousiaste, dynamique et vous me trouverez rarement à mon bureau à triturer une image pour la faire parler. Plus sérieusement, et pour faire bref sur mon parcours au sein du Laboratoire de biologie du tissu osseux – LBTO de St-Etienne, je suis un ancien ingénieur d’études spécialiste de la mise en boite et en orbite de cellules osseuses (cf. question suivante), reconverti en enseignant-chercheur dont les missions principales sont de montrer à quels points la mécanique de nos cellules est fascinante à des premiers années de médecine et des élèves ingénieurs civils des mines…le public le plus difficile n’est pas forcement celui auquel vous pensez.

SFBTM : Comment êtes vous arrivé à St-Etienne?
 

AG : Plutôt par hasard mais surtout par chance. Plutôt par hasard car je cherchais, après ma maitrise de biologie cellulaire à Limoges, un laboratoire d’accueil pour un DEA où serait abordés de la biologie et du spatial. Mon dévolu fut jeté sur le DEA de physiologie en environnement extrême de Lyon1. Le LBTO travaillant sur l’os et la microgravité cherchait quelqu’un et par chance personne n’avait encore postulé, me voila donc recruté en DEA par une chercheuse INSERM Laurence VICO…nous sommes en 1992. Plutôt par chance car le LBTO m’a donné la chance que je n’aurais pas eu ailleurs de faire une thèse, de participer puis d’organiser des missions spatiales aux USA et en Russie et d’être aujourd’hui MCU comme ils disent en médecine.

SFBTM : Quel regard portez-vous sur la SFBTM ?
 

AG : Pour moi les journées JFBTM de la SFBTM c’est d’abord une chance pour les étudiants de présenter leurs travaux (même de master) sans barrière de langue et de recevoir une bourse de voyage pour un congrès plus international…en plus les JFBTM réussissent le tour de force d’être francophone mais pas franchouillardes car toujours de bons niveaux. Enfin une force est celle d’ouvrir les esprits des gens de la minéralisation de l’os ou de la dent à celle plus ancienne des coquilles et on gagne toujours à s’ouvrir l’esprit.

SFBTM : Depuis quand fréquentez vous la SFBTM ?
 

AG : Je crois pouvoir dire que je suis tombé dedans depuis le début en 1998 à Lyon, je n’en ai manqué que 2 surement à cause de réductions budgétaires et non volontairement. Le secret des JFBTM c’est l’assurance de participer à une réunion conviviale voire même familiale. Personnellement, je dois beaucoup à l’équipe de Bordeaux et à Reine Bareille notre trésorière perpétuelle en particulier, pour l’ambiance qui règne aux journées et c’est Reine qui à fait que j’ai postulé au bureau de la SFBTM.

SFBTM : Dans votre cursus y a t-il des personnalités fortes qui vous ont marqué ?
 

AG : Oui de nombreuses et pour des tas de raisons différentes mais j’ai été très impressionné par la simplicité et la justesse de raisonnement de feu Gideon RODAN que j’ai eu la chance de rencontrer une fois grâce à Marie-Héléne LAFAGE-PROUST qui sortait de son laboratoire et venait d’intégrer le LBTO…d’ailleurs Marie-Hélène ne cesse de m’impressionner au quotidien…j’ai ensuite été impressionné par mon mentor en imagerie cellulaire, Yves USSON de Grenoble puis en post-doc par la directrice du lab. de biologie du tissu conjonctif de Liège, la Pr Betty NUSGENS qui arrive à faire rimer performance et bonne ambiance dans son laboratoire.

SFBTM: Vous travaillez actuellement sur contrainte mécanique et cytosquelette, quels sont les aspects de ce domaine qui vous passionnent le plus? Quelles techniques utilisez-vous quotidiennement ?
 

AG : Ce qui me passionne le plus dans ce thème c’est qu’on ne sait finalement pas grand-chose car peu de gens s’y intéressent. Les grands spécialistes du cytosquelette regardent rarement l’impact de cette dynamique sur les voies de différenciation alors que le simple fait de moduler la forme, la dynamique du cytosquelette conditionne la durée de vie, l’activité ou l’engagement de cellules souches et devient un carrefour obligatoire pour tous les signaux reçus par la cellule. Dans le domaine des biomatériaux, il est clair que les topographies, les chimies de surface contraignent mécaniquement les cellules et modifient grandement la dynamique du cytosquelette qui fonctionne comme un interrupteur pour des réponses à des facteurs de croissance, des hormones etc… On ne sait que peu de choses concernant les meilleures combinaisons matériaux/cellule/signaux externes possibles. Mon rêve serait de trouver une bonne combinaison pour induire rapidement la différenciation osteocytaire, car la maturation des ostéocytes, cellules ultra-mecanosensibles au cytosquelette impressionnant s’il en est, reste pour moi fascinante. Pour ce qui est des techniques, historiquement le LBTO est un labo d’imageurs…de tissus avec des scanners, par histomorphométrie et plus récemment de cellules car notre IFR (IFR143-IFRESIS) vient de faire l’acquisition d’une station de vidéomicroscopie qui va nous permettre de contrôler intimement la mécanique l’énergétique (O2) et la dynamique des cellules afin de trouver les combinaisons dont je parlais juste au dessus.

SFBTM: Les prochaines journées de la SFBTM auront lieu à Saint-Etienne du 9 au 11 juin 2010, comment cela se présente ?
 

AG : Le comité d’organisation n’est pas encore serein mais les journées auront lieu à la toute nouvelle cité du design de St-Etienne en juin prochain. Nous en profiterons pour lancer un petit concours d’images scientifiques afin qu’un jury de l’école de design élise celles qui les ont le plus inspirées. Nous compterons donc sur vous pour les images et illustrations.

 

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