Sarah Beck-Cormier, INSERM U791, Nantes
SFBTM : Depuis combien de temps avez-vous rejoint l’U791 à Nantes ?
SBC : Je suis arrivée à Nantes à l’U791 le 1er septembre 2010
SFBTM : Qu’est-ce qui vous a attirée dans l’unité de Pierre Weiss, et quels sont vos travaux dans l’équipe de Jérôme Guicheux ?
SBC : Mon arrivée dans l’unité U791 fait suite à une demande de mobilité de ma part et de la part de mon mari, le Dr Laurent Beck. Nous étions tous les deux chercheurs à Paris, lui à la faculté de médecine de Necker et moi à l’Institut Pasteur. J’ai été recrutée CR au CNRS en 2006 et mon modèle d’étude favori est la souris génétiquement modifiée. Cette expertise que j’ai acquise à l’Institut Pasteur dans le département de Biologie du Développement m’a amenée à travailler sur des modèles d’invalidation conditionnelle et de mettre un pied dans le monde des cellules souches embryonnaires et adultes (notamment celles de l’intestin et du système hématopoïétique). Par ailleurs, mon travail m’a amenée à collaborer avec Laurent pour générer une souris invalidée pour le gène PiT1 codant pour un co-transporteur de phosphate dépendant du sodium. A l’époque, Laurent collaborait déjà avec Jérôme Guicheux qui s’intéresse au transport de phosphate et, plus exactement, aux effets du phosphate inorganique sur les cellules du tissu squelettique.
Au moment où nous avons pris la décision de quitter Paris, Laurent s’est donc tout naturellement dirigé vers Jérôme et Pierre. Pour ma part, le choix n’était pas aussi évident, à priori… Cependant, j’avais déjà un « background tissus squelettiques » puisque l’intitulé de ma thèse était : “Voie de signalisation impliquant le récepteur de l’hormone parathyroïdienne (PTH) et du peptide apparenté à la PTH : expression et fonction au cours du développement embryo-fœtal humain, en physiologie et pathologie.” Et une partie de mes travaux a porté sur l’étude de l’expression des gènes PTHR1 et PTHrP chez des fœtus atteints de nanismes.
Pendant mon post-doc à Pasteur, ma collaboration scientifique (et personnelle !) avec Laurent faisait que je suivais de très près les résultats générés dans l’unité U845 dirigée par G. Friedlander. J’ai souvent été très enthousiasmée par les nouvelles données qui s’accumulaient sur la protéine PiT1… et j’ai eu envie de participer à cette nouvelle aventure ! Laurent et moi avons donc décidé de développer nos projets « PiT » chez Pierre Weiss.
J’ai rencontré Pierre en septembre 2009, date à laquelle je lui ai raconté ce qui m’occupait à l’Institut Pasteur. Et je dois dire que son enthousiasme, sa curiosité et son ouverture scientifiques m’ont tout de suite plu et ont participé à ma décision de venir travailler avec lui et Jérôme !
Aujourd’hui, je tente de démontrer que la protéine PiT1 n’est pas seulement un co-transporteur de sodium/phosphate, mais qu’elle est également capable d’agir à l’intérieur de la cellule et plus particulièrement dans le noyau. Je vais également utiliser mon modèle d’étude de prédilection en invalidant PiT1 spécifiquement dans le cartilage et l’os de la souris au cours du développement et chez l’adulte.
SFBTM : Parlez-nous de votre parcours personnel… Est-ce que vous êtes tombée toute petite dans les ions phosphates ?
SBC : Absolument pas ! J’ai passé mes 3 années de doctorat à la Faculté de médecine Xavier Bichat dans l’unité de Gérard Friedlander. C’est à cette époque que je suis entrée dans le monde de la régulation phosphocalcique notamment via la PTH dans l’organisme.
Pendant ma thèse, je suis allée à plusieurs congrès internationaux où j’ai pu rencontrer et/ou entendre des chercheurs devenus pour moi des exemples à suivre : H Kronenberg, A. Stewart, R. Zeller, AC Karaplis… Je ne travaillais pas sur le modèle murin et j’ai été fascinée par toutes les possibilités qu’offrait l’utilisation des souris génétiquement modifiées. C’est à cette époque que la voie PTHR1 a été débobinée grâce aux travaux de Kronenberg, Schipani, Lanske, etc… Après ma thèse, j’ai donc décidé d’effectuer mon post-doc en développant un programme de recherche basé sur l’utilisation de ce modèle dans un labo anglophone (américain ou anglais).
La vie est ainsi faite que mes envies de partir à l’étranger se sont soudain envolées et je me suis donc mise à chercher un post-doc en France…
Pendant ma thèse, j’ai travaillé aux côtés du Dr Anne-Lise Délézoide (anatomo-foetopathologiste à l’hôpital Robert Debré) qui m’a transmis le virus de la biologie du développement. A la fin de ma thèse, j’ai eu la chance d’entendre une fabuleuse histoire scientifique racontée par Charles Babinet. Pour tous ceux qui l’ont connu (et ils sont nombreux !), les mots-clés « Développement » et « souris génétiquement modifiées » étaient évidemment présents dans son séminaire ! J’ai donc constitué mon dossier de demande de post-doc et nous avons fait un peu de chemin ensemble dans son laboratoire de « Biologie du Développement » à l’Institut Pasteur (4 ans de postdoc puis mes 4 premières années de chercheur CNRS).
SFBTM : Pendant ces années, est-ce qu’il y a des personnalités qui vous ont particulièrement marquée sur le plan scientifique
S Beck-Cormier: Charles Babinet est bien sûr le 1er nom qui me vient à l’esprit. Ce fut très enrichissant de travailler à ses côtés, aussi bien scientifiquement que personnellement. C’est aujourd’hui un ami qui me manque beaucoup…
Les personnalités scientifiques qui m’ont marquées font parti de l’aventure de la Recherche sur les cellules souches. Je pense à Austin Smith et ses cellules pluripotentes, à S. Yamanaka pour la révolution des IPs, à Hans Clevers et tous ses travaux sur les cellules souches de l’intestin.
SFBTM : Quels conseils donneriez-vous aujourd’hui à un doctorant qui aurait pour objectif d’intégrer le CNRS ?
SBC : Enthousiasme, courage et persévérance !!
SFBTM : Quand avez-vous connu les journées de la SFBTM, et de quand date votre première participation ?
SBC : J’ai entendu parler de la SFBTM en arrivant chez Pierre Weiss et Jérôme Guicheux en septembre 2010 (n’étant plus dans le domaine du « squelette » depuis la fin de ma thèse) et ma 1ère participation date du mois de mai 2011 !
SFBTM : Pendant 3 ans vous allez faire partie du Conseil Scientifique de la SFBTM. Quelle a été votre motivation pour intégrer le CS ?
SBC : Cela faisait un petit bout de temps que je souhaitais avoir une activité dans une société de Biologie. Mon arrivée récente dans le domaine des tissus minéralisés m’a donc motivée à me présenter au CS de la SFBTM. Je dois dire que cela me permet également de rentrer plus vite « dans le bain » !
SFBTM : Comment verriez-vous l’évolution de la Société dans les années qui viennent, et qu’en attendez-vous ?
SBC : Pour pouvoir répondre à cette question, je vais d’abord apprendre à connaître la SFBTM
Interview réalisé par Pierre Hardouin, pour la SFBTM
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