Interview Claudine Blin

 

Claudine_Blin

Claudine BLIN, CNRS UMR 7370, Secrétaire de  de la SFBTM

 

SFBTM : Claudine BLIN, vous avez été élue secrétaire de la SFBTM en 2012. Pourriez-vous vous présenter en quelques mots, et nous dire quel est votre parcours professionnel?
 

CB : Mon parcours est très classique : études, DEA et doctorat en endocrinologie moléculaire à Paris. Ensuite, j’ai effectué un post-doctorat en endocrinologie moléculaire avec R. Krishnamoorthy, sur un modèle un peu atypique, le poisson, puis un second sur les homéogènes et le développement du squelette craniofacial avec A. Berdal à Paris, et un troisième sur l’ostéopetrose chez G. Carle à Nice. C’est pendant ce dernier stage que j’ai commencé à m’intéresser à l’ostéo-immunologie, ce qui m’a permi de très vite monter un groupe autonome, puis d’être recrutée CR1 à l’INSERM en 2005 et DR2 en 2012. Aujourd’hui, j’anime l’équipe “microenvironnement osseux et physiopathologie de la réponse inflammatoire” dans le laboratoire de physiomédecine moléculaire, dirigé par Jacques Barhanin, à Nice. Nous nous intéressons aux interactions entre cellules osseuses, immunitaires et hématopoïétiques au sein de la moelle osseuse. Nous essayons de comprendre comment ces interactions contribuent à la régulation de la balance entre inflammation et tolérance immunitaire, à la régulation des niches médullaires et au remodelage osseux.

SFBTM : Comment passe t-on de l’endocrinologie moléculaire aux tissus minéralisés ?
 

CB : C’est une suite tout à fait logique compte tenu de mon parcours. Pour moi, l’événement déterminant a été ma rencontre avec Ariane Berdal que j’ai croisée pendant ma thèse et chez qui j’ai fait mon second post-doctorat. Elle mariait déjà l’endocrinologie et le développement du squelette craniofacial. Elle m’a transmis sa passion des tissus minéralisés et c’est vraiment grâce à elle que j’ai continué à travailler dans ce domaine.

SFBTM : Au sein de la FRE3472, vous êtes responsable du groupe « micro-environnement osseux et inflammation». Comment se situe votre groupe au sein de l’unité ?
 

CB : Le laboratoire de physiomédecine moléculaire est une unité pluri-thématique dont les équipes partagent un même intérêt pour la physiologie intégrative. Nous avons des domaines d’expertise différents (inflammation, hypoxie, pH, transport ionique) et notre interaction donne beaucoup d’originalité à notre projet d’unité. Pour mon équipe, cela ouvre de nouvelles perspectives de recherche sur les modifications du microenvironnement osseux et leurs conséquences au niveau ostéo-immunologique.

SFBTM : Votre équipe travaille sur les relations entre lymphocytes, cellules dendritiques et ostéoclastes, et à leurs répercussions sur l’inflammation, ce qui nécessite des compétences venues de diverses disciplines. Comment avez-vous réussi la bonne alchimie ?
 

CB : Plus précisément, nous nous intéressons aux interactions entre cellules non-immunitaires de la moelle osseuse (ostéoclastes, ostéoblastes, cellules stromales mésenchymateuses), cellules immunitaires (lymphocytes T, monocytes, cellules dendritiques) et cellules souches hématopoïétiques. Nos projets de recherche sont axés sur l’effet immunodulateur des ostéoclastes et des MSCs, sur le rôle des lymphocytes T dans la différenciation ostéoclastique, et sur l’effet de ces différents types cellulaires sur les niches médullaires osseuses. Tous ces aspects ont des conséquences physiopathologiques importantes notamment pour les maladies inflammatoires chroniques, le rejet de greffe ou le cancer.

Pour réussir la bonne alchimie, il faut faire les bonnes rencontres au bon moment. J’ai eu la chance d’avoir pu convaincre et d’avoir été convaincue par des chercheurs d’horizon différents. L’équipe que j’anime allie donc ostéologiste, immunologiste et spécialiste des cellules souches. Avec Matthieu et Abdel, nous formons une équipe avec des compétences très complémentaires, en échange permanent et très enthousiaste. C’est une source d’enrichissement constant. Et sans cette complémentarité, nous n’aurions pas pu développer cette thématique.

SFBTM : Comment voyez-vous le développement de l’ostéo-immunologie ?
 

CB : Il suffit de taper “osteoimmunology” sur Pubmed pour voir que le nombre de publications dans ce domaine est en progression exponentielle. Pendant longtemps, l’environnement osseux a été négligé par les immunologistes, au profit de tissus plus “nobles” au point de vue immunologique. Mais de plus en plus de publications mettent en évidence le rôle essentiel des cellules osseuses non seulement dans le maintien des précurseurs immunitaires, mais aussi dans celui de la mémoire immunitaire. A l’inverse, les cellules immunitaires ont une influence considérable sur la différenciation des cellules osseuses et le remodelage osseux. On commence tout juste à comprendre certaines de ces interactions, et il reste encore énormément à faire pour comprendre leurs conséquences sur la différenciation hématopoïétique, les maladies inflammatoires chroniques, les variations du remodelage osseux, le vieillissement, les métastases osseuses, etc. L’ostéo-immunologie a donc de beaux jours devant elle !

SFBTM : En dehors du soleil, qu’est ce qui est le plus agréable lorsqu’on fait de la recherche à Nice ?
 

CB : En dehors du soleil ? Une vue époustouflante depuis mon bureau sur la Baie des Anges, pour laquelle bien des promoteurs se damneraient ! Pouvoir se balader en manches courtes d’Avril à Octobre ! Passer des pistes de ski à la plage dans la même journée ! Plus sérieusement, j’ai trouvé à Nice une qualité de vie que je ne connaissais pas à Paris.

Côté scientifique, faire de la recherche à Nice n’est ni plus simple ni plus compliqué qu’ailleurs : comme ailleurs, l’environnement scientifique n’est pas toujours facile à comprendre lorsqu’on n’est pas Niçois, mais la taille limitée de la communauté scientifique fait qu’on est rapidement reconnu et les interactions entre laboratoires en sont d’autant plus facilitées.

SFBTM : En venant rejoindre le Conseil d’administration de notre société, y a-t-il des tâches dans lesquelles vous souhaitez plus spécifiquement vous impliquer ?
 

CB : Je connais la SFBTM depuis les 2èmes JFBTM à Versailles en 1999, lorsque j’étais post-doc chez Ariane Berdal. Depuis, je n’en ai raté que très peu. J’ai donc grandi avec la société et j’ai vu évoluer les étudiants et les post-docs qui comme moi sont devenus chercheurs et continuent à la fréquenter. J’ai fait partie du CS de 2007 à 2011. Alors, m’investir dans le CA était la suite logique. J’apprécie beaucoup l’équipe qui travaille dans une ambiance efficace et amicale et la façon dont elle a fait évolué le site internet de la SFBTM. Ce site, c’est l’image de la société et j’aimerais y apporter ma contribution. Je suis donc la nouvelle secrétaire adjointe, sous l’aile d’Alain Guignandon, et j’en profite pour le remercier de sa patience…

 

Interview réalisé par Pierre Hardouin, pour la SFBTM

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