Interview Pascal Guggenbuhl

 

Pascal_Guggenbuhl

Pascal Guggenbuhl, Président de la SFR Os

 

SFBTM : Vous êtes le Président de la SFR OS. Pourriez-vous nous présenter la SFR, et sa section spécialisée « SFR Os » ?
 

PG : La Société Française de Rhumatologie (SFR) a été fondée en 1969. C’est une société savante qui regroupe des personnes s’intéressant aux maladies de l’appareil locomoteur dont l’objet est l’étude des maladies de l’appareil locomoteur, la promotion de leur connaissance…Elle a également pour but l’information des malades et constitue un interlocuteur vis-à-vis d’organismes officiels pour la rhumatologie en France. Elle compte plus de mille membres, soit environ la moitié des rhumatologues français en activité.
Elle comporte un conseil d’administration, un conseil scientifique et des sections spécialisées.
La section SFR Os est constituée de membres de la SFR qui ont un intérêt particulier pour la pathologie osseuse. Ils élisent tous les trois ans un bureau qui est chargé de proposer et de coordonner des actions ou des projets en lien avec la pathologie osseuse. Il y a une assemblée générale annuelle lors du congrès de la Société Française de Rhumatologie qui se tient à Paris, au CNIT à la défense. Pendant l’année, le bureau se réunit plusieurs fois pour définir les actions de la section et en informer les membres s’il y a lieu. Notre section est jeune, car si elle a existé il y a de nombreuses années, elle n’avait plus d’existence réelle. Ce nouvel essor remonte à environ 5 ans, sous l’impulsion notamment du Pr Christian Marcelli qui en a été le premier « nouveau » président…

SFBTM : Depuis combien de temps en êtes vous le Président ? Les membres de la SFR Os sont-ils exclusivement des rhumatologues?
 

PG : J’en suis le président depuis trois ans et de nouvelles élections auront lieu en 2012.
Les membres de notre section ne sont pas tous rhumatologues, bien que majoritaires au sein d’une société rhumatologique. Ils présentent leur candidature au bureau qui a comme attribution de les agréer (ce qui ne pose généralement pas de problème). La seule obligation statutaire est d’être membre actif à jour de sa cotisation de la SFR !

SFBTM : Que représente l’os, parmi les pôles d’intérêt des rhumatologues français ?
 

PG : L’os est une préoccupation majeure des rhumatologues français. Ceci est d’ailleurs une sorte d’exception dans le paysage rhumatologique mondial. En effet, dans nombre de pays, la rhumatologie est essentiellement tournée vers les pathologies inflammatoires. La pathologie osseuse et singulièrement l’ostéoporose est l’affaire d’autres spécialités comme l’endocrinologie. En France, le champ de la rhumatologie est vaste et comporte notamment les pathologies articulaires inflammatoires et mécaniques, les pathologies rachidiennes et donc les pathologies osseuses qui sont moins investies par d’autres spécialités médicales dans notre pays.

SFBTM : Comment se passe la recherche sur l’os, en rhumatologie ?
 

PG : Elle s’articule entre recherche clinique, et la recherche plus fondamentale. Pour cette dernière, il existe déjà de nombreux liens avec les laboratoires de la SFBTM, liens que nous avons souhaité renforcer par l’interface SFBTM/SFR Os qui a eu lieu pour la première fois lors de notre congrès l’an dernier et qui est reconduite cette année sous la forme d’une session de présentations issues des deux société savantes, deux avec une orientation plus fondamentales et deux avec une annotation plus clinique.
La recherche clinique est multiple : épidémiologique, diagnostique, thérapeutique…Elle s’exerce au sein des CHU, CHG et de structures dédiées à la recherche clinique adossées à quelques services.

SFBTM : Depuis 2 ans un rapprochement a débuté entre la SFR Os et la SFBTM. Qu’en attendez-vous?
 

PG : Nos deux sociétés sont complémentaires. Un certain nombre de collègues sont déjà des compagnons de longue date de la SFBTM, le plus souvent parce qu’ils sont impliqués dans la recherche plus fondamentale, qu’ils appartiennent où qu’ils ont appartenu au cours de leur cursus à un des laboratoires de votre groupe. La SFBTM est en revanche moins familière à d’autres praticiens (c’était mon cas) et il nous est apparu primordial d’essayer de créer plus de passerelles entre nos deux sociétés pour brasser des idées et permettre l’émergence de discussions, d’idées et de collaborations. Pour permettre aussi aux plus jeunes d’avoir un espace où ils puissent avoir une idée « d’ensemble » du champ et des possibles dans la recherche en pathologie osseuse. La rencontre au congrès de la SFR de 2010 a été je crois très appréciée. J’espère qu’il en sera de même cette année et que nous aurons encore plus d’affluence.

SFBTM : L’équipe rhumatologique de Rennes est réputée pour ces travaux dans le domaine de l’hémochromatose. Pouvez-vous nous parler-nous de vos travaux ?
 

PG : Rennes est effectivement un centre de référence pour l’hémochromatose. La pathologie osseuse ne faisait pas partie des préoccupations initiales du groupe de recherche. Néanmoins, les saignées ayant permis de prévenir les complications vitales de la maladie, il est apparu que les patients développaient des complications chroniques de type rhumatismal et parfois une ostéoporose. Partant de ce constat, j’ai débuté ma thématique de recherche sur le retentissement des surcharges en fer sur l’os en intégrant l’unité INSERM UMR991 à Rennes. Nous menons des travaux cliniques et plus fondamentaux, en collaboration notamment avec le Pr Daniel Chappard (Angers) dans le laboratoire duquel j’ai séjourné un an en 2005. Nous avons pu ainsi confirmer l’existence d’une ostéoporose dans environ 30% des cas chez des hommes jeunes dans une série homogène de patients tous atteints d’une hémochromatose génétique HFE1 prouvée génétiquement. Nous avons montré ce phénotype d’ostéoporose chez des souris HFE-/-. Enfin dans un modèle in vitro nous avons mis en évidence une diminution de la croissance des cristaux d’hydroxyapatite en présence de fer ainsi qu’une altération de leurs propriétés. Des travaux sont en cours au laboratoire pour identifier les voies métaboliques impliquant le fer et le métabolisme osseux. Sur le plan clinique, un Projet Hospitalier de Recherche Clinique est en cours pour évaluer sur 3 ans le retentissement des saignées sur la perte osseuse liée à l’hémochromatose.

SFBTM : Quels conseils donneriez-vous à un jeune rhumatologue intéressé par la recherche? Comment l’inciter à participer aux activités de la SFBTM ?
 

PG : Tout d’abord de regarder du côté de la pathologie osseuse car c’est un univers formidable au moins aussi passionnant que celui de la pathologie inflammatoire qui a souvent la préférence de nos juniors. Il existe d’ailleurs actuellement de nombreuses voies de convergence entre les deux mondes (os sous-chondral, ostéoimmunologie, érosions osseuses dans les maladies rhumatismales inflammatoires…). Ensuite de participer aux congrès des deux sociétés et a fortiori aux sessions d’interface pour voir ce qu’il s’y présente et ce qu’il s’y dit et surtout pour pouvoir nouer des contacts qui lui permettent de développer les projets qui l’intéressent.

SFBTM : Rendez-vous à Bordeaux 2012, puis à Poitiers en 2013 ?
 

PG : Avec plaisir, mais avant, rendez-vous le 12 décembre 2011 au CNIT pour notre deuxième session d’interface de 15h30 à 16h30 !

 

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